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Une bonne fessée
"Une bonne fessée, ça fait pas d'mal !"
Alors tape, tape, tape, tapons le tout petit bout'chou mignon.
Trois petites tapes et puis s'en vont.
Dit le Papa.
"Y faut c'qu'il faut"
Tout doux minou, caresse la maman pour consoler
Consoler le bambin pauvre chérubin
Je ne sais pas quoi dire, mon tout petit,
C'est le Papa, il a sûrement raison.
"On en fera un homme"
T'as touché aux confitures
T'as dessiné sur les murs
Alors on dresse, redressons,
File droit. Fais attention
T'as vu ma main ? Elle est pour toi.
Papa s'occupe de tout.
Maman se tait.
Maman tu dis rien ?
Et petit à petit tu pousses en douce. Tu as six ans en un clic et une claque. Tu as douze ans. On va te dresser. Tu pousseras droit comme un arbre. Toi prends l'habitude de te sauver, tu t'esquives dans les coins. Tu grandis tordu, faut bien essayer de s'échapper. Tu zigzagues entre les coups.
Maintenant, tu es un homme. Faut croire que ça compte l'éducation. Tu as treize ans, quinze ans, tes muscles poussent. Un jour, c'est toi qui prends le ceinturon. Et tu cognes.
Tu cognes sur ton père, tu cognes sur ta mère. Tu sors dans la rue. Et tu continue à frapper : une jeune fille, un enfant, un chien. Tu casses une vitrine.
Ton père vient au poste de police. Le bourdonnement continue dans ta tête. Trop de coups, pauvre coucou. Mais tu l'entends quand même un peu. Il est étonné stupéfait.
Et il dit: " Monsieur, je ne comprends pas.
Je ne sais pas ce qu'il lui a pris.
On a pourtant tout fait pour bien l'élever.
Pourquoi est-il tombé si bas ? "
Tu te couches par terre et tu attends qu'il s'en aille.
Sandrine