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Les enfants allaités ont-ils besoin de suppléments vitaminiques ?
(texte proposé par Françoise Railhet : Lactaliste)
(Info liste : http://www.lllfrance.org/discussion/lactaliste.htm)
(Do breastfed infants need supplemental vitamins ? FR Greer ? Pediatr Clin North Am 2001 ; 48(2) : 415-23.)
La nécessité de donner des compléments vitaminiques aux bébés allaités reste un sujet controversé. Les principales carences possibles sont celles en vitamine D, quoi que cette vitamine soit normalement synthétisée par notre corps, et en vitamine K en période néonatale. Les carences sont rares pour les autres vitamines, surtout si la mère est correctement nourrie.
La vitamine D est en fait une hormone. Elle est normalement synthétisée à partir du cholestérol au niveau de la peau sous l'action des rayons UVB. Les précurseurs de la vitamine D présents dans notre alimentation peuvent aussi être hydroxylés par le foie pour donner la forme active. Son principal rôle est d'augmenter l'absorption intestinale du calcium ; elle favorise aussi la réabsorption du calcium et du phosphore au niveau urinaire. L'enfant naît avec un stock de vitamine D qui couvre les besoins de l'enfant pendant environ 2 mois. Ses besoins devront ensuite être couverts par la synthèse endogène, et par les apports alimentaires. Le lait humain apporte environ 20 UI/l de vitamine D, alors que les apports recommandés sont de 300 à 400 UI/l. Le taux lacté de vitamine D dépend des apports maternels, cette vitamine passant très bien dans le lait. Il est aussi augmenté en cas d' exposition importante au rayonnement solaire, et il est plus élevé en été qu 'en hiver ; une étude a constaté qu'une exposition d'environ 90 secondes (personne de race blanche) de tout le corps aux UVB suffit à multiplier par 10 le taux lacté de vitamine D. L'exposition de l'enfant au rayonnement UVB augmente aussi son taux sérique de vitamine D.
Aux USA, un grand nombre de produits laitiers sont enrichis en vitamine D, et la consommation de suppléments vitaminiques est fréquente. Ce n'est pas le cas en Europe ou dans les produits en voie de développement. Une variation saisonnière du taux sérique de vitamine D est normale, en relation avec le taux d'exposition aux UVB. Dans l'ensemble, l'essentiel des cas de rachitisme constatés le sont chez les enfants de race noire vivant sous les climats tempérés, et qui ne reçoivent pas d'aliments riches en vitamine D pendant leur première année. En conséquence, les recommandations actuelles sont de donner 400 UI/jour à tous les enfants allaités, pour éviter les carences pouvant survenir chez les enfants de race noire et chez les enfants insuffisamment exposés à la lumière du jour. On reconnaît cependant qu'avec une exposition correcte à la lumière du jour les enfants n'ont pas besoin d' une supplémentation en vitamine D. Lorsqu'on donne un supplément en vitamine D, il faut tenir compte du fait que toutes les préparations actuellement disponibles contiennent cette vitamine à des taux élevés ; il sera donc nécessaire d'être prudent afin d'éviter un surdosage.
La vitamine K est indispensable à la coagulation. Cette vitamine passe peu le placenta, même lorsque le taux sérique maternel de cette vitamine est élevé, et l'enfant ne naît pas avec un stock important. Son taux lacté est bas, et le reste pendant toute la lactation, même s'il est affecté par les apports alimentaires. Une supplémentation maternelle en vitamine K peut augmenter considérablement le taux lacté, ainsi que le taux sérique des enfants allaités. Cette vitamine est aussi fabriquée au niveau du colon par les bactéries commensales, mais cette fabrication est basse chez les enfants allaités, dont la flore est essentiellement à base de bifidobactéries. La complication la plus fréquente de la carence en vitamine K est la survenue d 'une hémorragie, habituellement entre J2 et J10, habituellement au niveau du cordon, ou du tractus digestif ; elle est prévenue par l'administration systématique de vitamine K à la naissance, ou facilement traitée par l' administration parentérale de vitamine K. Une autre complication beaucoup plus rare mais beaucoup plus sévère est la survenue d'une hémorragie tardive, survenant au bout de 5 à 6 semaines en moyenne, chez les enfants exclusivement allaités dans 90% des cas, qui, pour la plupart, n'ont pas reçu de vitamine K à la naissance, et qui ont un problème de malabsorption des lipides ou un problème hépatique ; l'hémorragie est très souvent intracrânienne ; elle peut être mortelle ou laisser d'importantes séquelles.
La recommandation la plus couramment admise est l'injection de 1 mg de vitamine K à la naissance ; il n'est pas nécessaire d'en redonner par la suite si l'enfant est en bonne santé et que la mère est correctement nourrie. Si les parents refusent l'injection, on donnera à l'enfant 2 mg de vitamine K per os ; dans la mesure où cette vitamine est absorbée de façon très variable per os, il sera prudent de répéter cette prise orale à J7 et J28.
Et voici pour le fluor :
Le don de fluor remis en question
Les apports en fluor des enfants allaités sont relativement bas, tandis que ceux des enfants nourris au lait industriel sont très variables en fonction de la marque de lait industriel et de l'eau utilisée pour le diluer. Dans les régions où l'eau distribuée dans les foyers contient moins de 0,3 ppm de fluor, les apports quotidiens de la plupart des enfants nourris au lait industriel seront de 30 à 40 µg/kg/jour. La prise d'un supplément de fluor de 0,25 mg/jour par un enfant de 4 kg amènera ses apports en fluor à environ 100 µg/kg/jour, taux qui induit une fluorose des dents permanentes. Actuellement, les enfants non allaités sont exposés pendant toute leur enfance à des taux de fluor beaucoup plus élevés que les enfants allaités (J Public Health Dent 1999 ; 59 : 229-34).
Or, l'utilisation de fluor chez les enfants dans le but d'éviter les caries est de plus en plus remise en question. L'Association Canadienne des Dentistes estime que le fluor ne doit pas être donné avant 6 à 7 ans : il n' existe aucune preuve scientifique démontrant que la supplémentation en fluor présente un réel intérêt, et elle peut induire des fluoroses dentaires permanentes (Canadian dental association advise against fluoride supplementation in young children. Board of Governors, March 2000).
Le Dr H Limeback, responsable du Département de Dentisterie de l'Université de Toronto, a longtemps fait la promotion de la supplémentation en fluor. Il a donné une interview où il déclare que les données actuelles démontrent que cette supplémentation était une erreur (The tribute, 5/12/99). Il estime que les enfants de moins de 3 ans ne devraient PAS recevoir de suppléments de fluor, ni boire d'eau enrichie en fluor, ni utiliser un dentifrice en contenant. On a constaté d'inquiétantes modifications de l'architecture osseuse et un taux 3 à 8 fois plus élevé d'ostéosarcomes chez des garçons vivant dans des villes où l'eau est fluorée par rapport à des enfants ne consommant pas d'eau fluorée (New Jersey Health Department).
Une étude finlandaise a étudié l'incidence des caries chez des enfants âgés de 3 à 9 ans dans des régions où l'eau distribuée avait été enrichie en fluor jusqu'en 1992, et ne l'avait plus été ensuite. Aucune variation de l' incidence des caries n'a été constatée (Com Dent Oral Epidemiol 2000 ; 28 : 281-88). En Allemagne, une étude a même constaté une baisse de la prévalence des caries chez les enfants après cessation de la fluoration de l'eau courante (Com Dentistry Oral Epidemiol 2000 ; 28 : 382-89). En Irlande, l'arrêt de la fluoration de l'eau courante, pratiquée depuis 1963, a été votée par de nombreuses villes. En Suède, l'utilisation des dentifrices au fluor est déconseillée avant 6 ans.