"A faire suivre aux personnes avec des bébés...
Mardi 05 Septembre 2006 - 20:13
Controlled crying : AAIMH Position Paper. October 2003.
L'Association Australienne pour la Santé Mentale Infantile (AAIMH) se dit
préoccupée par la tendance actuelle, dans les pays industrialisés, à vouloir
contrôler les pleurs des jeune senfants. Le contrôle des pleurs est défini
comme un ensemble de tactiques destinées à amener les enfants à moins
pleurer et à ne plus se réveiller la nuit : laisser le bébé pleurer de plus
en plus longtemps avant de s'occuper de lui, ne pas se lever s'il pleure la
nuit afin qu'il apprenne à se rendormir seul. L'AAIMH estime que ces
pratiques ne correspondent pas aux besoins émotionnels et psychologiques des
jeunes enfants, et qu'elles peuvent avoir des conséquences négatives à long
terme sur leur santé psychologique.
L'AAIMH fait les commentaires suivants sur le contrôle des pleurs chez les
bébés :
Les pleurs du bébé sont un signal de détresse physiologique ou émotionnelle.
Les bébés doivent s'adapter à un monde totalement nouveau, et même de
petites choses aux yeux des adultes peuvent être très difficiles à vivre
pour eux. Laisser un bébé pleurer sans lui apporter de réconfort, même
pendant une courte période, peut être très angoissant pour lui.
Entraîner un jeune enfant à ne pas pleurer pourra effectivement amener un
enfant à ne plus pleurer. Mais cela pourra aussi lui apprendre qu'il ne peut
espérer aucune aide lorsqu'il en a besoin.
Les bébés à partir de 6 mois éprouvent souvent de l'anxiété lorsqu'ils sont
séparés des personnes qu'ils connaissent bien. Cette angoisse s'atténuera
lorsqu'ils auront compris que l'absence est un phénomène temporaire et ne
présente pas de danger pour eux. Cet apprentissage peut aller jusqu'à l'âge
de 3 ans.
Presque tous les enfants cessent d'avoir besoin qu'on les rassure à l'
occasion de leurs réveils noctures vers 3 à 4 ans, et beaucoup y arrivent
plus tôt.
Les enfants se sentiront beaucoup plus en sécurité si leurs pleurs
déclenchent rapidement et systématiquement une aide adéquate de la part de
la personne qui s'occupe d'eux. Un attachement lié à un solide sentiment de
sécurité représente le fondement d'une bonne santé mentale.
Les enfants dont les parents répondent rapidement lorsqu'ils pleurent
apprennent à se calmer plus rapidement et facilement, au fur et à mesure qu'
ils prennent conscience que leurs besoins émotionnels sont pris en compte.
Le mode de vie occidental et les avis de certains « experts » ont amené à
penser que les jeunes enfants doivent dormir toute la nuit sans interruption
au bout de quelques mois, voire de quelques semaines. En réalité, les jeunes
enfants se réveillent plus souvent que des enfants plus âgés ou des adultes,
car leurs cycles de sommeil sont plus courts. Ces cycles courts ont pour
objectif d'augmenter le temps de sommeil paradoxal, dont on pense qu'il est
important pour le développement du cerveau.
De nombreux parents se disent épuisés en raison des réveils nocturnes de
leur enfant, d'une part en raison de la fatigue physique induite par ces
réveils, et d'autre part en raison des attentes irréalistes en matière de
sommeil chez un jeune enfant.
De nombreux bébés et de nombreux parents dorment mieux quand ils dorment
ensemble. Il n'existe aucune raison valable pour dire qu'un enfant ne
devrait pas dormir avec ses parents, et dans la majeure partie du monde l'
enfant doit avec ses parents ou avec d'autres membres de la famille, soit
dans le même lit, soit dans un berceau près du lit des parents. Ces derniers
ne devraient pas prendre leur enfant dans leur lit s'ils ont consommé de l'
alcool ou des médicaments affectant la vigilance, et certaines conditions
doivent être respectées (matelas, couvertures.) pour que l'enfant soit en
sécurité dans le lit parental.
De nombreux parents ont constaté qu'il était efficace de laisser un bébé
pleurer. Dans d'autres cas, cela n'a eu aucun résultat positif, ou cela a ét
é tellement difficile à vivre pour l'enfant et les parents que ces derniers
ont renoncé à ce type de stratégies.
Aucune étude n'a été entreprise pour évaluer le niveau de stress vécu par un
bébé qu'on laisse pleurer, ou pour en évaluer l'impact psychologique et
émotionnel à long terme.
En conséquence, l'AAIMH fait les recommandations suivantes :
Le fait de se réveiller la nuit est normal chez les bébés et les bambins.
Cela ne doit pas être qualifié de « problème » sauf si le comportement de l'
enfant est tel qu'un problème est évident.
Les parents doivent être rassurés sur le fait que répondre immédiatement aux
pleurs du bébé ne risque pas de lui donner « de mauvaises habitudes ».
Le fait qu'un bébé ou un jeune enfant se réveille la nuit peut être dû à l'
anxiété générée par la solitude. Dormir avec les parents ou près d'eux est
une bonne option, qui permet souvent une bonne nuit de sommeil.
Les pratiques parentales destinées à assurer aux parents une bonne nuit de
sommeil ne doivent pas nuire à la santé émotionnelle de l'enfant ou
compromettre son développement mental.
Si les parents souhaitent « contrôler les pleurs de leur enfant », cela ne
devrait se faire que lorsque l'enfant a acquis suffisamment de maturité pour
comprendre que ses parents seront bientôt là, et pour être capable de se
sentir en sécurité en l'absence de ses parents. Une telle maturité n'est
acquise que vers environ 3 ans ; cela varie suivant les enfants ; observer
l'enfant et répondre à ses besoins est le meilleur moyen de déterminer quand
un enfant est prêt à dormir seul.
Avant de démarrer un programme de contrôle des pleurs, un professionnel de
santé qualifié devrait évaluer soigneusement la santé de l'enfant et la
qualité des relations entre les membres de la famille. Les parents devraient
être mis en contact avec des associations susceptibles de les aider à gérer
les angoisses et difficultés rencontrées par tous les nouveaux parents. Les
autres stratégies de gestion des pleurs devraient être discutées avec les
parents.
Si l'enfant a déjà expérimenté une séparation d'avec ses parents (maladie,
absence.), le programme de contrôle des pleurs ne devrait pas être utilisé.
Les enfants qui ont déjà subi une séparation traumatique sont plus
vulnérable encore aux effets négatifs du stress qu'ils subissent lorsqu'on
les laisse pleurer.
Dans la mesure où les pleurs d'un enfant peuvent amener un parent à
maltraiter l'enfant, il est essentiel que les parents puissent bénéficier d'
un soutien social, ou d'une aide thérapeutique.
Les parents doivent être avertis qu'il n'existe aucune donnée sur l'impact à
long terme, sur le développement émotionnel et sur la santé mentale, du
programme de contrôle des pleurs. S'ils souhaitent quand même suivre un tel
programme, leur conseiller de prêter attention au niveau de détresse exprimé
par l'enfant plutôt qu'au temps pendant lequel on le laisse pleurer, et d'
arrêter immédiatement le programme s'il semble poser un problème quelconque."
un peu long mais intéressant