comment travailler sur la douleur...

à la (re)lecture de certains posts, je me rends compte que je n'ai jamais partagé avec vous ce texte que j'avais écrit pour un autre forum et qui expliquait comment j'avais travaillé sur la douleur quand j'attendais lylian, sachant qu'en AAD je ne pourrais avoir ni péri ni tout autre moyen de soulagement extérieur et que donc tout dépendrait de moi et de ma perception des choses. j'ai dit plusieurs fois que je n'avais pas eu mal lors de cet accouchement, et je le maintiens. je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécu un accouchement sans souffrir mais ce n'est quand même pas si courant que ça, alors je me suis longtemps demandé pourquoi... qu'est-ce qui fait la différence ? on entend souvent dire "qu'il faut travailler sur la douleur" pour pouvoir la supporter mais on ne nous dit jamais comment on peut faire ça, alors j'ai essayé d'expliquer et de partager ce qui s'était passé en moi et comment j'avais cheminé... c'est loin d'être un mode d'emploi anti-douleur je vous rassure, juste un résumé de ce qui s'est passé dans ma petite tête durant ces quelques mois d'attente du jour J... je n'ai pas partagé ça avec mon entourage, c'était entre moi et moi... même mon homme n'a rien su de ce qui se tramait dans mes neurones. d'ailleurs s'il passe par ici, je lui fais un gros bisous, mais je doute qu'il lise jusqu'au bout, ça sera trop long pour lui. je vous mets donc ce texte ici aussi.


"pardon d'avance si ça n'est pas toujours super clair, mais c'est vrai que c'est une route personnelle et donc pas forcément facile à mettre en lumière sur quelques lignes... certains écrivent des livres entiers pour expliquer ça, c'est pas mon but...

j'ai donc essayé de m'y préparer en repensant très souvent à tous les moments où j'avais eu mal dans ma vie, j'ai essayé de replonger en moi pour retrouver ces sensations, tant physiques que psycho (ça s'est même parfois fait en rêve !), pour me refamiliariser avec elles. j'ai essayé de les revivre en fait, tout bêtement, et je dois dire que ça m'a parfois percé le ventre. parfois j'ai hésité et tergiversé devant certains événements, parfois j'ai fui et remis à plus tard, parfois j'ai tout pris en pleine tête sans m'y attendre... j'ai souvent pleuré... ça n'est jamais agréable de repenser aux mauvais moments volontairement, encore moins dans l'optique de les revivre en pensée.... mais ça m'a permis de voir et de comprendre pourquoi j'avais eu mal à certains moments et de commencer à réfléchir au comment j'aurais pu faire pour atténuer cette souffrance ou l'éviter. la douleur était toujours présente dans ma tête, en sourdine certes, mais là. je n'avais pas mal physiquement, mais je pensais tellement souvent à elle... pas avec peur, plutôt avec curiosité... je voulais tenter de la comprendre. on s'est comme rapprochée l'une de l'autre, et du coup, c'était un peu comme si elle m'avait accompagnée assez régulièrement pour que je la vois comme qqch de familier, d'incontournable, de lié à ma vie, à LA vie elle-même. et je me suis rendue compte que ça ne servirait à rien de se battre contre elle, pourquoi se battre contre la vie elle-même ? c'est forcément voué à l'échec... et puis c'est contre nature, non ? en fait, j'ai eu l'impression d'accompagner ma douleur plutôt que ce soit le contraire, je me suis promenée avec elle et ça m'a fait réaliser que refuser de lui donner la main m'aurait sûrement desservi en fait. elle était toujours là, présente au fond de moi, sans me chercher des noises à chaque instant puisque j'étais en bonne santé. alors j'ai accepté son existence et sa présence. j'ai accepté qu'elle soit là pour une raison qui m'échappait peut-être mais qui était ce qu'elle était. je me suis dit que tant qu'à accepter qu'elle soit là, autant qu'elle me soit utile. on s'est apprivoisée à force de se côtoyer. j'avais appris à la regarder en face, j'avais passé une sorte de contrat avec elle : je t'accepte comme tu es, accepte-moi comme je suis. et le jour j, elle était là, mais on se connaissait bien. on s'était alliées et je savais lui faire la place qu'elle réclamait, et je savais que si je lui laissais cette place, elle n'en prendrait pas plus que nécessaire, je savais qu'elle serait une aide et pas une ennemie. j'avais confiance en elle, en moi, en nous... on s'était préparées ensemble... je n'étais pas seule à accoucher ce jour-là, il y avait aussi mon bb, mon homme, ma sage-femme et ma douleur... on était pas quatre, on était cinq... je l'avais pour ainsi dire personnifiée... elle était là alors je lui ai laissé la place qu'elle exigeait comme elle l'avait fait avant dans toutes les situations douloureuses de ma vie, je l'ai laissé parler, je l'ai écoutée, j'ai accepté qu'elle tienne les rênes et qu'elle me conseille. elle l'a fait et elle a respecté le contrat. elle m'a acceptée aussi et s'est faite toute petite. on a cohabité chacune à hauteur de nos besoins. je n'avais plus de raison de paniquer face à elle, elle n'a donc pas cherché à s'imposer ni à me faire peur. je n'ai pas cherché à la faire taire, elle n'a pas criée. je l'ai respectée, elle m'a respectée.

je vous livre ça comme je l'ai ressenti tout au long des semaines qui passaient. ce n'est peut-être pas très clair pour quelqu'un de l'extérieur, mais c'est lumineux dans ma tête. je ne sais pas si je me retrouve un jour dans une situation douloureuse si j'aurais toujours cette même confiance en elle au fond de moi, peut-être, sûrement même... seul l'avenir le dira."

je me retrouve dans ce que tu écris pour la naissance d'Aélia, j'ai accepté cette douleur, je savais qu'elle était là pour "m'aider" à mettre au monde mon bébé. je ne me suis pas braqué contre elle, comme tu dis, je l'ai accueillie. et je n'ai pas souffert. le fait d'avoir trouvé la position qui me soulageait a peut-être aidé aussi, je sais pas.

waouh, quel cheminement pour en arriver là !!!!

Chapeau les filles !

Je medite cela avec grand interet

En tous les cas, c'est un beau travail sur soi meme...
*
EStelle

Je comprends tout à fait Anne, j'étais justement plus dans cette optique là pour la naissance d'Erwan et ça a été plus facile: considérer la douleur comme normale, que chaque contraction nous rapproche de l'arrivée du bébé. Le début du travail, je l'ai vécu en même temps qu'une autre jeune femme qui avait aussi été déclenchée au bout de 12h... elle attendait son premier enfant et a vraiment plus souffert que moi, elle se "battait" contre sa douleur.

Pour Manon, je me souviens que je me tordais de douleur sur notre lit en attendant que Cédric arrive et qu'à partir du moment où il est revenu, ben je n'ai plus eu mal....

merci de nous avoir livré çà.
Cà a une douce résonnance en moi...
il faut que j'exploite cette sensation....

j ai pas le temps de tout lire, mais je vais revenir merci de partager ta reflexion

je crois que moi aussi j'ai commencé ce cheminement pour Etienne et ça m'a aidé, je crois qu'il faut encore qu'on se "rencontre" et que je la revive pour arriver jusqu'à ton stade.
merci annem de ton témoignage

Hum.... Je ne sais plus si j'avais répondu sur l'autre, mais...
Tu sais que j'ai mal vécu ce dernier accouchement. Que même si j'ai tenu le cap (il n'aurait pas fallu que ça dure 10 minutes de plus, mais les choses sont pas si mal faites finallement) j'étais complètement enfermée dans ma douleur, que j'étais au bord de la panique à chaque contraction qui arrivait...

Pourtant j'ai travaillé là-dessus aussi. Certainement moins que toi, et puis, quand on sait qu'on va à l'hopital on garde toujours dans un coin de la tête que, au cas où, ils sont normalement en mesure de te soulager. Je sais pas pourquoi je continue à croire à ça puisque je n'y ai jamais eu droit...
Bref, malgré m'être préparée, me dire que chaque contraction me rapprochait de mon bébé, que je devais accepter la douleur, me laisser emmener par elle etc... C'était trop fort, trop intense, trop partout.
Je crois que c'est en partie ça qui me laisse un mauvais arrière goùt, ne pas avoir su accepter la douleur, et l'avoir vécu comme une énorme souffrance.
Les choses auraient pu se passer mieux, je le sais parcequ'à certains moments c'était plus facile, notement quand la sage-femme était avec moi et qu'elle me parlait, qu'elle m'aidait à affronter les nouvelles vagues de douleur qui arrivaient. Mais elle ne restait jamais plus de 5 minutes... et mes contractions ne partaient pas avec elle.

Carelle a écrit:

quand on sait qu'on va à l'hopital on garde toujours dans un coin de la tête que, au cas où, ils sont normalement en mesure de te soulager. Je sais pas pourquoi je continue à croire à ça puisque je n'y ai jamais eu droit...

je crois que tu as mis le doigt sur le fond du pb. on ne travaille pas de la même manière dans sa tête si on sait qu'on a une bouée salvatrice potentielle que si on sait qu'on n'en a pas... quand on sait qu'on a pas le choix, on aborde les choses de manière très différente, et ce même si on sait d'avance qu'on ne veut pas prendre la péri à l'hosto. le simple fait qu'elle reste accessible et possible change, en tous cas à mon sens, radicalement l'approche intérieure qu'on a de soi-même. pour arriver à accepter cette douleur, il faut être sûre qu'on aura pas le choix. c'est un peu le postulat de base si tu préfères. c'est sur ce postulat que tu travailles. si tu ne l'as pas au départ, le travail est biaisé.
je ne sais pas si tu aurais vécu ce que tu as vécu avec ce postulat posé, mais peut-être que tu aurais abordée les choses autrement... je ne sais pas trop. tu es la seule à pouvoir le dire. et j'ai bien conscience qu'on est pas forcément toutes capables de faire le travail que j'ai fait. comme je l'ai dit au départ, c'est une question très personnelle de ressenti de la vie, et chacune de nous doit trouver son chemin. certaines le trouvent vite, d'autres lentement, d'autres encore jamais. on est sûrement pas plus égales devant ce fait que devant l'allaitement ou le deuil de quelqu'un. de quoi ça dépend, ça ma foi...

qui connait la méthode Bonapace, pour apprendre à gérer la douleur ?

http://www.bonapace.com/met_met-f.html

oui je trouve ca genial, je cite ce qui pour moi sont des mots clefs dans ce que tu dis: "accompagner", "utile", je crois aussi que ce qui est foncdamental c'est qu'en temps normal la douleur ets là pour nous signifier que quelquechose ne va pas, qu'il faut reagir, se soigner, demander de l'aide... quand on accouche c'est totalement different, elle est là pour nous guider...sans elle ont a besoin du personnel medical pour nous guider, avec elle on devient autonome...

Ma sage-femme m'en a parlé, elle m'a dit que c'est très bien, et me propose de nous préparer avec cette méthode pour n°4, si un jour il y a... Ca m'a l'air très bien, d'autant que ça implique le papa, et c'est quelque chose que je recherche (toi aussi je pense...)
Pas d'expérience à partager, mais je tenterais le coup si jamais...

tu te sens prete pour bb4 carelle??? faut que je te mette un poste pour te demander comment ca se passe avec Jaya, nous c'est dur dur, quand il est pas malade (tendance a bronchites asthmatiques...) il a mal au dents... du coup je trouve que niveau moteur il evolue moins vite que ses ainés...

ca a l'air interessant cette methode bonapace... bon nous on stersse pas du tout quand on accouche, et pourtant je suis une speed de chez speed!!! y'a qu'au premier ou j'etais un peu tendu, en fait ce qui me stresse le plus c'est que je n'ai pas confiance dans le personnel medical que je ne trouve pas assez physio...

Pas maintenant bb4, mais un jour, oui, j'espère. Si on peux assurer coté finances il y aura un quatrième, dans quelques années. Pour le moment on est bien occupés avec nos 3 princesses ! Et puis je sais, (et patrice aussi) que ça sera dur pour moi d'arréter de faire des enfants... Mais bon, faudra bien.

annem, super témoignage et une expérience qui me fait réfléchir.... j'ai normalement RDV avec l'anesthésiste fin janvier.... et je ne sais plus si j'ai envie d'y aller..... je veux tenter l'expérience d'accoucher sans péridurale, mais bon je vais en parler avec mon mari et voir s'il me soutient dans cette expérience, et oui, il est du genre à tomber dans les pommes pour une prise de sang, alors je suis inquiète.....

affaire à suivre,

J'aime bcp ce que tu ecris anne sur la douleur...tu le sais, j'ia dejà bcp appris avec tes experiences et ta gestion de la douleur lors des accouchements...
Je me retoruve bien dans ce que tu decris de la douleur passée...
J'ai refais aussi souvent le retour en arrière sur la douleur physique recenti pendant mon amniocenthèse realisée par un interne qui savait que de toute façon je n'irais pas au bout de ma grossesse, ce con m'a fait super mal. Et ce moment précis est pour moi le plus douloureux physiquement de ma vie. La douleur psychologique intense c'est mélangé à celle ci quelque jours plus tard...Ces 10 jours ont été les plus durs de ma vie...Et du coup apres avoir repensé , reflechi, exprimé bcp de chose, de maux sur ces douleurs ...Plus rien pour moi ne pourra être plus difficile que cela...Du coup, pour l'accouchement, ça a été tres clair. Je deconnais en disant que je n'y arriverais pas, mais au fond, je savais que je reussirais à gérer, surtout si cela serait rapide...( ce qui aide pas mal aussi...!!!!!)
Et puis ça agit sur l'accouchement, mais aussi sur bcp d'autres evenemetns de ma vie...Rien que les nuits sans sommeil, les crises des loulous, les moments tres difficile de boulot...enfin, le travail sur la douleur m'a bcp aidé dans la vie de tous les jours...

Tes echanges me sont toujorus tres bénéfiques Anne. Merci de ce partage.

Bises.

c'est très gentil ce que tu dis céline, mais moi aussi je vous dis merci, parce que c'est en partie grâce à vous, à ce forum et à tous les questionnements qui y sont brassés que je me remets en question régulièrement et que j'avance. alors si avancer sur nos routes permet aux autres d'avancer sur la leur, c'est encore mieux, non ?